Introduction
Continuité et rupture avec la culture antique. Saisie de notre civilisation dans une littérature à l’état primitif – mais la civilisation médiévale n’est pas primitive! Difficultés de perspective, difficultés pour étudier l’évolution littéraire (IXe – XVIe). Plan chronologique.
1. Les conditions d’une genèse
Latin et langue vulgaire
La littérature naît de la jeune langue française et de la vieille Eglise. L’Eglise selon l’époque s’ouvre ou se referme aux littératures profanes. L’écart se creuse entre latin et langue romane, en témoigne (813) le Concile de Tours. Par ailleurs, la Romania est linguistiiquement morcelée, et la littérature fait parfois oeuvre unificatrice. Mais la survie de la langue romane comme langue de culture n’est pas assurée.
Ecrit et oral
Une part considérable de la littérature (toute?) est destinée à la diction et au chant. Les livres sont rares, et la transmission du savoir orale. Pourtant, l’autorité demeure le livre; mais l’accès aux lettres n’est pas synonyme de culture. Et il a pu exister une littérature strictement « orale » avant qu’elle ne soit posée à l’écrit.
Clerc et jongleur
Le clerc a le pouvoir intellectuel et spirituel, mais il « passera » à la langue vulgaire. Le jongleur est du côté de l’oral, l’écrit progressant, il cherche à devenir ménestrel. Tous deux promeuvent la littérature française à ses débuts.
Chap.II Les premiers textes
La lg romane s’impose au politique comme au religieux. Subsiste un témoignage écrit du Xe s. de l’effort de prédication en lg romane. Mais c’est un brouillon, et les homélies ne sont pas destinées à l’écrit. Et encore moins les chants populaires. Seuls quelques sermons sont conservés, ou des transpositions pédagogiques du latin (Séquence de Sainte Eulalie, 881). Vie de Saint Léger, Chanson de Sainte Foy: les premiers poèmes romans sont aussi intégrés à la liturgie, quand ils ne s’en libèrent pas, comme ils se libèrent du modèle de la séquence, avant d’être repris par des jongleurs. Si des incises en lg vulgaire sont relevées dans un drame liturgique en latin, c’est plutôt l’évolution progresseive d’une langue à une autre qui est la règle générale juqu’à fin XIe: Boeci en lg d’Oc, Vie de Saint Alexis en lg fr., qui commence les chansons de geste et troublera tant Pierre Valdès au XIIe. Vies de saints, récits de miracles, prières en vers, traités édifiants témoignent d’une riche vie littéraire, mais souvent encore transposée du latin.
2. L’épanouissement
Chap.III Les chansons de geste
Fin XIe apparaissent les chansons de geste (lg d’oïl) et la poésie lyrique (lg d’oc).
Définition et nature du genre
Ces sont des poèmes narratifs épiques chantés. (épique, manifestation archaïque de la littérature? Voir plus haut). Laisses homophones et assonancées, en décasyllabes (concurrencé par l’alexandrin fin XIIe). Césure mineure plus que majeure. La laisse est un morceau, une tirade, un souffle proféré avec beaucoup de ressassement. Poétiquement stérétypé, mélodiquement simple, la chanson martèle et laisse une forte impression affective. Les sujets, guerriers, sont situés en général à l’époque de Charlemagne.
La Chanson de Roland
Plusieurs versions nous sont parvenues, mais la plus importante a vraisemblablement composée vers 1100 (langue, échos historiques) pour un événement datant de la fin du VIIIe (expédition en Espagne), même si le poème est largement fictionnel. La datation du poème est problématique.
La question des origines
Les débat est longtemps resté orienté par des arrière-pensées politiques, on recherche une origine romane plutôt que germanique…Ainsi, pour Bédier, les chanson de geste doit tout à la légende (c’est le « silence des siècles »). Théorie battue en brèche par l’idée qu’un texte médiéval vit de ses variantes.
De la « performance » orale à la trace écrite
Si le style formulaire aide les jongleurs à improviser, il n’est cependant pas une preuve d’oralité. Le poète sait qu’il sera dit, et introduit dès lors dans son poème des marques d’énonciation orale artificielles dans son oeuvre. Le style formulaire, par sa raideur et sses archaïsmes, acquiert ainsi valeur « introductive ».
Evolution des chansons de geste
Plus longs, plus complexes. Vers le merveilleux et l’amour, jusqu’à la fin du XIIe: la chanson de geste se met alors au service des croisades eet redevient alors ce qu’elle est, la chanson de l’exploit militaire chrétien.
Ch.IV Troubadours et trouvères
Un surgissement paradoxal
Poésie de cour, complexe, raffinée, élitiste et aristocratique. Origine populaire exclue. Introduisent une conception nouvelle de l’amour.
Courtoisie et fin’amor
une conception qui trouve son expression dans la poésie (sauf, tardivement, André Le Chapelain). Etre courtois, c’est se montrer capable d’actions désintéressées, au contraire du vilain. Soumission à la dame (domina). L’amour se confond avec le désir dans le joi. La femme aimée doit rester inaccessible, une règle particulièrement vraie dans le jeu-parti. L’essentiel réside dans ce mélange d’effroi respectueux et de sensualité audacieuse pour un vertige adolescent.
La poésie des troubadours
Poésie lyrique, c’est à dire chantée. Genre essentiel: la canso, poème de quarante à soixante vers, terminés par un envoi, à la prosodie complexe. Le style et le ton sont plus ou moins hermétiques (trobac clus, trobar leu, trobar ric) et virtuoses. L’originalité n’est pas de mise, les troubadours recherchent la subtilité dans un cadre formel. La chanson doit être parfaite, comme l’amour idéal qu’elle exprime.
Les origines
Le lyrisme amoureux populaire est féminin, il est difficile d’y trouver l’origine de la poésie des troubadours. Réminiscences ovidiennes, mais le ton est radicalement différent, et la poésie latine était lue, or les troubadours étaient peu latinisants. Influence hispano-arabe possible, forme strophique et inspiration, contacts fréquents. A mois que ce ne soient les Arabes qui n’aient emprunté aux troubadours? Indécidable débat, mais il ne faut pas négliger les condions socio-historiques: vie castrale, aspirations de la jeunesse.
Des troubadours aux trouvères
Troubadours: grands seigneurs, hobereaux, pauvres hères, domestiques, clercs, marchands, jongleurs, se rencontrant au château pour des jeux partis ou des sirventès. Nous les connaissons par les vidas présentes dans les chansonniers (fin XIIIe). Fin XIIe, le lyrisme courtois s’acclimate en France du Nord (mariage d’Aliénor avec Louis VII, puis Henri II; Marie de Champagne). Les trouvères: plus réservés, style moins âpre, moins hermétique. Les nobles sont moindres, et leur activité est liée à celle de grandes villes commerçantes (Arras). XIIIe: des société littéraires s’organisent, avec un goût plus marqué pour des lyrismes comiques ou grivois.
Les chansons de femme et le lyrisme non courtois
Poésie populaire(?): aube, chanson de toile. « Contrepoint » de la courtoisie: reverdie, chanson de malmariée, pastourelle. Chansons à danser.
La chanson de femme, forme primitive du lyrisme amoureux (mort d’Aude dans la Chanson de Roland, khardjas), tonalité passionnée et sensuelle. Chansons de toile: décasyllabes, assonancées, avec refrain, chansons narratives à la troisième personne, style raide (comparable à la chanson de geste), ise een scène de jeunes filles qui indolemment espèrent le retour d’un amant (Jean Renart). Chansons composées par des hommes. Chansons d’aube (connues aussi en Chine ou en Egypte): douloureuse séparation des amants au matin (Troubadours). Reverdie: extension de la strophe printanière des Trou-(Ballade de la reine d’avril). Chanson de rencontre amoureuse, narrative et dialoguée: malmariée ou pastourelle. Rondeaux à danser, trois vers du couplet, deux vers du refrain, reprise des thèmes lyriques.
Chap.V Le roman
Un genre « secondaire »
Chronologiquement: milieu XIIe s. Genre réflexif, destiné à la lecture, linéaire, couplets d’octosyllabes à rime plate, sans effet affectif de langage. L’attention est concentrée sur le récit et la réflexion qui l’accompagne.
Les premiers romans français: de la matière antique à la matière bretonne
Les premiers romans sont des adaptations d’œuvres antiques latines (2e moitié XIIe), leurs auteurs sont des clercs fiers de leur savoir (roman=mise en roman). Mais ils font une place nouvelle à l’amour, et accueilleront très vite les conceptions de la courtoisie. La grand souci reste d’écrire l’histoire, parfois pour s’attribuer des origines mythiques. Ce souci est bouleversé par l’élément breton. Avec le monde arthurien, les romanciers renoncent à la vérité historique.
Chrétien de Troyes
Clerc, en relation avec la Cour de Champagne, puis avec celle de Flandres, Marie de Champagne puis Philippe d’Alsace (dédicataires). Erec et Enide, Cligès, Le Chevalier au Lion, Le Chevalier de la Charrette, Le Conte du Graal (entre 1170 et 1190). Le monde arthurien est le cadre fictif de ces cinq romans où l’amour joue un rôle essentiel. Chrétien joue de cet univers, de sa familiarité comme de son étrangeté, monde chargé de sens.Ni littéral, ni allégorique, le sens relève de la logique interne du récit, c’est celui de l’aventure et de l’amour: le chevalier errant est en quête de lui-même. La narration s’appuie sur l’humour et sur un style aisé et rapide, où la phrase excède le rythme du vers ou de la strophe. Expression éminemment remarquable dans la littérature française.
La question des sources celtiques. Le lai breton
Les emprunts sont indéniables malgré la difficulté à retrouver les sources. Marie de France a explicitement adapté des lais bretons: Lanval et Chèvrefeuille, où certains motifs sont familiers au folklore celtique. Plus largement, c’est la place du folklore dans la littérature qui reste à interpréter.
Le cas Tristan
Gloire ambiguë des amants de Cornouailles. La passion de Tristan est déjà une référence pour les troubadours. Un conte irlandais du IXe est sans conteste à l’origine de l’histoire de Tristan et Iseut. Les premières oeuvres françaises consacrées ont disparu (censure?). Nous restent notablement le roman de Béroul et celui de Thomas, tous deux remarquables quoique très différents.
Le roman breton et l’héritage de Chrétien
Profonde influence de Chrétien, qui sera imité. Mais fin XIIIe, le roman arthurien n’existe plus qu’à la cour anglo-normande. Le Conte du Graal connaîtra de nombreuses suites. Au XIIIe, le Graal devient une relique chrétienne (Robert de Boron)
Les multiples chemins de l’aventure
Réaction « réaliste » de Gautier d’Arras, de Jean Renart (L’Escoufle, 1200). NB: J.Renart est aussi l’auteur du Lai de l’ombre, sorte de nouvelle courtoise à trame contemporaine. Les intrigues se multiplient.
3. La constitution d’une littérature
Si le XIIIe semble peu renouveler les formes littéraires, c’est parce que ce siècle est celui de l’organisation des idées (Saint Thomas). La diffusion des textes s’améliore; les genres littéraires sont redistribués avec l’apparition du sujet littéraire.
Chap.VI Naissance de la prose: roman et chronique
La prose apparaît toujours après le vers, même s’il y a eu cohabitation du vers avec la prose latine, et vient revendiquer la vérité.
Les premiers romans en prose
1225-1230: réécriture du cycle arthurien (Lancelot-Graal) étonnante par sa cohérence dans des différences de tonalité. A noter aussi, le Haut Livre du Graal (centré sur Perceval). Les romans en prose apparaissent quand la littérature du Graal se charge de mysticisme, les romanciers s’inspirant alors de la littérature religieuse (écriture sainte, exégèse, prédication). La prose est considérée, par son absence d’ornement, comme le langage de la vérité, et donc du sacré. En devenant eschatologiques, les romans miment la parole de Dieu. L’allégorie romanesque interprète le monde selon les règles de l’exégèse. La prose renoue avec le temps, et bientôt avec l’histoire. Enfin, la prose se dissocie des préoccupations spirituelles (Tristan en prose, vers 1250).
Les chroniques, du latin au français et du vers à la prose
C’est tardivement (et un peu artificiellement) qu’on commence à écrire l’histoire en français (dans des chroniques françaises). La préocccupation pour l’histoire est apparue sous Charlemagne, avec un double souci politique (gloire et postérité) et spéculatif (réfléchir aux voies de Dieu et du salut). Au XIIe, une histoire s’écrit dans les formes littéraires récentes (chanson de geste). Début XIIIe, les premiers chroniqueurs sont des mémorialistes, poussés par une impression profonde à la transcrire (Histoire anonyme de la première croisade, déb. XIIe). XIIIe: quatrième croisade, Joinville sur Saint Louis.Ce n’est qu’au XIVe que l’histoire s’imposera.
Chap.VII La dramatisation et le rire
Expression dramatique de la littérature
Jusqu’à la fin XIIIe, toute la littérature est faite pour être dite ou chantée, la distinction d’un genre théâtral n’a pas tellement de sens. Cf. Aucassin et Nicolette (XIIIe), Dit de l’Herberie (Rutebeuf).Mais le XIIIe voit l’accentuation de la dramatisation jusqu’au comique de caricature.
Le théâtre
Mil. XIIe: le Jeu d’Adam, texte liturgique en lg française encadré par des textes sacrés en latin. 1200: Jean Bodel, Jeu de Saint Nicolas, pièce religieuse non liturgique, avec des scènes inspirées de la vie d’Arras. Courtois d’Arras, pièce sur l’Enfant prodigue, prétexte à une longue scène de taverne. Adam de la Halle, vers 1280, premières manifestations d’un théâtre profane (Jeu de la Feuillée). La taverne, encore.
Le dit: une naissance de la poésie
Fin XIIIe, naissance d’une poésie personnelle, ou même « lyrique ». Inspiration première dans les sermons, dénonciations des vices, pour aboutir à l’expression d’un point de vue particulier. Congés de Jean Bodel. C’est Rutebeuf (oeuvre entre 1250 et 1280) qui va le plus loin dans la poésie des « choses de la vie » et la mise en scène caricaturale de ses misères (tercet coué). Le texte dit, en mettant en scène un « je », devient le mime d’une parole.
Les fabliaux
Exhibition d’un « je », atmosphère commune (taverne, misère, rire). « Contes à rire en vers (cent cinquante vers, octosyllabes); intrigue: une duperie, avec parfois une moralité. Parfois scabreux et cru. Grivoiserie, cynisme. « Poésie des petites gens » (Bédier)? Pourtant, le public de tous les genres littéraires est le même.
Le Roman de Renart
Convergence fabliaux et contes d’animaux.Au Xe, des adaptations d’Esope sont traduites en lg vulgaire avec un grand succès; puis Marie de France (1170), isopets,…Antécédents latins évidents (Alcuin, Nivard). Composition suivie et homogène, en branches. L’ambiguité homme-animal traverse toute l’oeuvre, et permettre des variations satiriques.
C’est l’esprit des villes qui traverse ces différentes oeuvres: contestation, peinture des meurs et de la misère, l’entrelacs des rues contre l’ordre hiérarchisé du château.
Chap.VIII L’allégorie
L’allégorie médiévale: rhétorique et exégèse
L’allégorie est un élément essentiel de la culture et de la littérature médiévales. Loin de se réduire à la définition très grammaticale qu’en donne Aristote, elle est une méthode d’exégèse, et toute interprétation passe par quatre sens, littéral, allégorique, moral et eschatologique. La littérature mais aussi le monde sont interprétés allégoriquement, selon un mode de pensée qui nous est peu naturel aujourd’hui.
Allégorie et personnifications
Des idées abstraites se font personnages. Déb. XIIIe, la mode du poème allégorique se répand en français, en général pour réfléchir sur l’homme avec un intention moralisatrice. 1215: Songe d’Enfer, psychomachie, songe qui devient expérience personnelle unique.
Le Roman de la Rose
Poème de vingt deux mille octosyllabes, commencé en 1230 par Guillaume de Lorris, terminé en 1270 par Jean de Meun (clerc parisien). Songe allégorique qui présente la conquête de son amour par le narrateur. Deux auteurs très différents: Guillaume de Lorris, poète courtois, volonté d’écrire un art d’aimer. Jean de Meun, esprit encyclopédique et polémique, apologue de l’hédonisme. Deux auteurs remarquables.
L’influence du Roman de la Rose
Succès prodigieux, nombreuses copies, « querelle du Roman de la Rose » autour des prises de position de Jean de Meun. Influence sur Charles d’Orléans, allégorie esquissée. Valeur herméneutique de l’allégorie, mise en lumière de correspondance; nous préféreons aujourd’hi la causalité au sens, d’où sécheresse.
4. La fin du Moyen Age
Déclin? Les crises et troubles sociaux n’empêchent pas les lettres de fleurie, l’Italie en témoigne. Mais la littérature française du XIVe et du XVe s’est parfois engagée dans des voies sans avenir. Et si le monde bourguignon avait triomphé…
Chap.IX La poésie au XIVe et au XVe siècle
Les nouvelles règles du jeu lyrique
La poésie se confond avec le vers, l’homme de lettres avec le poète, l’expression de l’affectivité prédomine. Elle combine l’esthétique du dit et une esthétique plus lyrique. Le dit offre le cadre (G.de Machaut, Ch.de Pizan, Froissart). Les rondeaux se lovent autour de leur refrain: illusion de la simplicité, raideur mélancolique. Quelquefois ils s’allongent. Le virelai donne une plus large place au refrain. La ballade et le chant royal, plus flamboyants, plus discursifs, s’affirment, en décasyllabe, reprenant à leur compte la partie narrative aupâravant assumée par le dit. Enfin, la musique n’y est plus.
Guillaume de Machaut et ses héritiers
Champenois, né vers 1300; sa carrière illustre l’importance qu’a prise le mécénat. A l’inspiration courtoise, à l’imagerie allégorique, à la théâtralisation du moi qui fonde le dit, Guillaume ajoute l’attention au temps et( au vieillissement. Froissart et Deschamps poursuivront ces thématiques, en revendiquant une poésie du quotidien. Christine de Pizan, veuve, défenseure des femmes.
Charles d’Orléans
(1394-1465). Ballades et rondeaux, d’abord d’inspiration courtoise. Réflexion sur le temps et le moi, l’instant et le vieillissement, poésie du quotidien et de la tristesse.
Villon
Vie aventureuse, rixes et condamnations. Le Lais (320 vers). Le Testament (186 huitains, et quinze ballades, une double ballade et trois rondeaux). Hommages sérieux et burlesques. Mise en scène du moi, caricaturale, dérisoire et amère inaugurée par le dit qui trouve ici une expression vigoureuse. Mélange de tons, de thèmes, de registres. Versification habile.
Les « grands rhétoriqueurs »
Dénomination impropre, entrée dans l’usage pour désigner une tendance qui va du mil. XVe au déb. XVIe. Traits communs de plusieurs poètes: poètes de cour dévoués, moralisateurs, se réclamant souvent d’Alain Chartier. Versifications longues et complexes, virtuosité technique et prouesse verbale.
Chap.X Les formes de la réfléxion: témoigner, juger, savoir
La guerre et l’histoire
Les malheurs des temps suscitent l’intérêt pour l’histoire, et les chroniques abondent à partir du XIVe, souvent écrites par des témoins directs ou des acteurs des événements décrits. Jean Froissart (1337-1404?) est l’auteur de chroniques le plus remarquable. Il sera très critiqué pour la forme romanesque des ses écrits, mais c’est un grand travailleur et un écrivain qu’on lit avec plaisir. Son énorme succès sera aussi celui du genre, ses continuateurs: Chastellain, Jean Molinet,…Mais Philippe de Commuynes sera un historien très différent, avec ses Mémoires (1489-1490). A noter parmi les témoignages, le Journal d’un bourgeois de Paris, sans ambition littéraire aucune, très « terre à terre ».
La réflexion politique
Elle déborde de l’histoire, et apparaît d’abord à la cour de Charles V, puis de Charles VI. 1376: le Songe du Verger interroge les rapports de la puissance ecclésiastique et du pouvoir séculier.1389: Songe du Vieux Pèlerin. 1422: Quadrilogue invectif, Alain Chartier. La pastourelle, investie de thèmes d’actualité, devient la pastorale, comme la poésie des choses de la vie (Machaut, Froissart, d’Orléans,…)
L’effort didactique
Ouvrages d’édification (Gerson), pour défendre les dames (C.de Pizan), d’éducation (R.Lulle). Ouvrages scientifiques, art militaire. Arbre des batailles, Honoré Bovet.
Du clerc à l’humaniste
L’effort didactique est considérable, se profile aussi une mutation du savoir, un vent nouveau d’Italie arrive et rafraichit l’éloquence latine au détriment de la scolastique.
Chap. XI Les formes de la représentation
Un monde en représentation
Tout est prétexte à représentation et mise en scène. La société chevaleresque s’inspire des romans.
Le miroir romanesque
Le monde du roman est un monde du passé qui redouble celui de l’histoire, et la littérature joue de son vieillissement. Peu d’œuvres sont entièrement nouvelles, nombreuses sont les mises en prose qui unifient les attentes du public et fond la littérature narrative dans une seul creuset. L’écriture romanesque retrouve ses motifs historiques, le mécénat favorisant par ailleurs les romans généalogiques. D’autres romans sont plus pédagogiques. Le vers ne disparait pas, mais prend une couleur particulière, la distance qui sépare le dit du roman en vers est pleine de poèmes d’inspiration diverse, qui assurent une continuité. La nouvelle prend son essor, Décaméron, Heptaméron, Cent nouvelles nouvelles, à influence italienne, mais le fabliau s’y perpétue (grivoiserie); la nouvelle est critique là où le roman est emphatique, elle laisse apparaître les mœurs du temps. Le roman moderne est fils de la nouvelle, tandis que le roman de chevalerie glisse vers l’obscurité.
Le théâtre
Le théâtre religieux se développe, avec les « miracles par personnages » (Bodel, Rutebeuf). Les mystères sont des grandes machineries spectaculaires, assorties de « moralité » et de « farce ». Au XVe, les mystères de la Passion mêlent parfois des registres très différents, sur des thématiques chrétiennes variées. Certains mystères traitent même de sujets profanes (Mystère du siège d’Orléans, 1453). La théâtre comique est moins ambitieux: spectacles courts, sotties (à visée satirique) ou farces (esprit du fabliau). XVe: Maître Pathelin. Le Moyen Age se poursuit dans les oeuvres du XVIe, et bien au-delà jusqu’à nous.
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